Quel patron choisir pour coudre un masque en tissu en cette pandémie de coronavirus ? Difficile d’y voir forcément clair, face au nombre croissant de modèles proposés gratuitement sur le net. On pourrait sans doute passer des heures à débattre du sujet, et à prôner l’un plutôt que l’autre. Néanmoins, pour faire un peu de tri, on va considérer que l’AFNOR donne les directives les plus fiables pour coudre son masque grand public soi-même. Et ainsi, que les modèles qui s’attachent à répondre à ses normes sont ceux à retenir.
Un masque en tissu, ça sert à quoi ?
Avant de vous parler de mes propres tests et choix, petit rappel de rigueur. Un masque en tissu n’est pas un dispositif médical. Il ne protège pas du Covid-19. Et si vous vous demandez alors à quoi il sert, et surtout, s’il sert vraiment à quelque chose, ma réponse, qui n’engage que moi, est oui. Pourquoi ? D’une part parce que cela incite à envisager le problème à l’envers : le masque en tissu permet de réduire la propagation du virus, non pas en empêchant de l’attraper, mais en limitant sa diffusion. Ainsi, si on part du principe qu’on est des malades potentiels, asymptomatiques ou à faibles symptômes, alors porter un masque va diminuer les risques de transmettre le coronavirus, en bloquant les gouttelettes à l’intérieur du masque. Il n’y a pas de petit geste, surtout s’ils sont fait POUR les autres. Et d’ailleurs, je pense vraiment que c’est le meilleur point de vue à avoir : ne pas considérer que les autres vont nous contaminer, mais plutôt que nous-même pouvons transmettre ce virus. Il en va donc de la responsabilité de chacun !
Autre raison de coudre un masque barrière, c’est son côté psychologique. Si vous croisez dans la rue quelqu’un avec un masque, vous allez forcément faire attention à la distanciation sociale. Vous tenir à plus d’un mètre. Changer de trottoir. C’est quand même hyper efficace ! C’est pourquoi, mes masques, sont majoritairement très colorés. Là encore, il n’y a pas de petit geste. On va devoir s’y faire. Bye bye la proximité !
Enfin, pour soi-même, porter un masque barrière dans la rue oblige à être encore plus vigilant sur les gestes barrières. Parce que le masque est franchement inutile si on le met n’importe comment, si on le triture à tout bout de champ, ou qu’on le retire en mettant ses doigts sur la partie centrale. J’en reparlerai plus bas !
Mon premier masque : à oublier
J’ai cousu mon premier masque début avril, pour moi, évidemment, mais également pour illustrer un article de Quelle Bonne Idée : Couture : fabriquer des masques en tissu soi-même, une bonne idée ?
J’avais opté pour le masque barrière diffusé par le CHU de Saint-Brieuc. Pourquoi lui ? Tout simplement parce que le modèle circulait pas mal sur les réseaux, et je le trouvais assez couvrant. Malheureusement, à peine tombé de ma machine, j’ai lu que sa couture centrale n’en fait plus un modèle recommandé. Dommage pour mon tissu japonais. Quant aux élastiques, je les récupérerai pour de futurs masques en tissu…
Mes masques en tissu, aux normes AFNOR
Le choix du bon tuto
Trop de choix tue le choix. De ce fait, si j’ai opté pour le modèle de l’AFNOR, et au tuto de l’Atelier des Gourdes, ce n’est pas le fruit d’une intense recherche et de comparaisons poussées entre les patrons de masques en tissu. A vrai dire, je ne vois pas trop l’intérêt de multiplier les patrons et les tutos, à partir du moment où il en existe de très bien expliqués. Mais ce n’est que mon avis ! Et donc, celui de l’Atelier des Gourdes, testé et validé, est le seul que je recommande. Et cela, pour deux raisons.
La première, c’est que Anne, qui est derrière ce site, a visiblement bien planché sur le sujet. Ses articles sont précis, documentés, et son tuto très clair. Elle a également testé tous les modèles de masques. Mais ce que j’ai le plus apprécié, et c’est la seconde raison, c’est qu’elle a optimisé son modèle de masque barrière pour qu’il soit facilement reproductible. Pourtant couturière, elle a fait fi de certains aspects esthétiques pour simplifier les étapes de couture. Son masque est donc aux normes et est facile à faire en quantité. Car c’est un élément à prendre en compte, si on veut produire plus qu’un masque !
Ainsi, oui, on voit les surjets. Les coutures ne sont pas à l’intérieur. Et alors ? Ce n’est pas un festival de mode, c’est un masque en tissu pour protéger les autres du coronavirus (voyez la nuance expliquée plus haut !). Par contre, niveau temps de couture, c’est efficace ! On ne se perd pas en gestes inutiles, les lignes de couture sont droites, et c’est vite plié. Dans tous les sens du terme.
Quel tissu pour mes masques barrières ?
J’ai commencé par recenser mes chutes de tissu. Le genre de morceaux de coupons dont il ne reste pas grande chose, mais que j’ai quand même gardés « parce que ça servira bien un jour ». Heureusement que j’ai appliqué la méthode Marie Kondo sur beaucoup de choses chez moi, mais pas à mes loisirs créatifs. Bref, comme je ne fais vraiment de la couture que depuis janvier 2019, j’ai essentiellement cousu du coton. Ça tombe drôlement bien, dis donc…
Dans un soucis de savoir quel masque j’aurais déjà porté ou non, j’ai décidé de m’en faire 7 différents. Un par jour de la semaine. Varions les plaisirs. Et les motifs ! Car comme je l’ai dit plus haut, quitte à porter un masque, autant qu’il soit un peu joyeux, non ? A ce stade de la pandémie, de toute façon, je veux bien avoir « l’air con » si a peut contribuer à aider tout le monde à tenir ses distances.
Mais si l’extérieur est décliné en plusieurs imprimés, l’intérieur est identique pour tous mes masques. Pourquoi ? Parce que ça me permet de savoir que ce sont les miens ! Qu’ils sont à ma taille. Ceux de mon mari, dont l’extérieur est parfois identique aux miens, ont un intérieur différent. En termes de logistique, ça me semblait plus pratique car les longueurs d’élastiques diffèrent !
L’épineuse question des élastiques
L’élastique est le nouveau paquet de farine. Aussi rare et prisé, il est déjà en rupture de stock. Pas de bol ! Les merceries et magasins de loisirs créatifs sont fermés (ou seulement accessibles via des commandes en ligne), on va donc avoir du mal à se fournir en ces précieux liens. Pour le moment, pour la douzaine de masques grand public cousus jusqu’à présent, j’ai pioché dans ma petite réserve. Mais elle ne va pas durer bien longtemps. Alors, on fait comment ? Le ruban semble être une bonne alternative car prêt à l’emploi. En revanche, il en faudra une plus grande quantité que celle nécessaire pour les élastiques, puisqu’on devra nouer les attaches, derrière l’oreille ou la tête. A défaut, il est toujours possible de faire du biais. Le truc bien casse-pieds.
Pour ce qui est des élastiques, le point embêtant est également leur longueur. Si le tuto de l’Atelier des Gourdes indique 20 cm pour porter le masque en tissu attaché derrière l’oreille, c’était bien trop grand pour ma petite tête. J’ai donc utilisé 16 cm de chaque côté. Quant à mon mari, les siens sont à 20cm et il ne fallait pas moins. Pour deux autres masques cousus pour des femmes, j’ai fait 18 cm. C’est quand même problématique pour faire des masques pour les autres… C’est au moins l’avantage qu’on peut trouver aux liens noués…
Combien de couches de tissu ?
A priori, et je prends des pincettes, rien n’indiquerait que 3 couches de tissu soient mieux que 2 (dixit l’Atelier des Gourdes). En même temps, c’est nouveau, c’est donc normal de tâtonner pour avoir les bonnes pratiques. L’important, c’est que les tissus ne soient ni trop fins, ni trop épais. On oubliera donc les tissus d’ameublement, par exemple. Ou les tissus pas adaptés. A défaut de coton, ne faites rien !
Pour ma part, j’ai utilisé trois couches. Deux cotons ordinaires, et un voile de coton, vraiment fin. Est-ce par esprit de contradiction avec un soucis de filtrage renforcé ? Je ne sais pas. En tous cas, dans la vidéo du Monde regardée il y a quelques jours, le patron de l’AFNOR parle de 3 couches, je ne pense donc pas être dans le zèle… Il précise de toute façon également qu’il n’y a pas encore de science exacte sur le sujet.
L’entretien des masques en tissu
Il me semble avoir lu que ces masques se lavaient à 30°. Comme ça m’étonne, j’ai lavé tous les miens à 60°, en même temps que le linge qui nécessite des hautes températures. Sans surprise, j’ai un masque cousu pour mon mari qui semble avoir un peu bougé après la lessive, mais rien de bien grave. Je resterai quand même en veille sur le sujet.
Le port du masque
Comme je le disais plus haut, un masque mal mis ne sert à rien. Sous le nez, aucun effet ! Il doit couvrir du haut du nez jusqu’à sous le menton. Pendant qu’on le porte, il ne faut pas toucher le tissu. Ni même après ! Pour l’enlever, on attrape les anses, élastiques ou liens. Et hop, directement à la machine ! Et on n’oublie pas de se laver les mains autant de fois que nécessaire, avec du savon.
« Je me lave bien les mains,
Quand elles en ont besoin.
Avec de l’eau et du savon,
Tous les microbes s’en vont ».
Ici, on chante ces paroles deux fois à la suite, sur l’air de « Joyeux anniversaire ». C’est mon plus jeune fils qui l’a appris en maternelle. Et on s’y est tous mis !
Autre conseil, pour celles (et ceux ?) comme moi qui ont les cheveux longs, je vous invite vivement à vous les attacher quand vous portez un masque grand public. Puisque l’enjeu est aussi de ne pas se toucher le visage, d’éviter les contacts main/bouche/oeil, avoir des mèches qui tombent devant les yeux, il n’y a rien de plus contre-productif !
Pour conclure
J’ai bien conscience que ce que je vous raconte aujourd’hui, samedi 18 avril 2020, sera peut-être obsolète dans quelques temps. Surtout si à un moment, les enjeux industriels prennent le pas sur ces masques très artisanaux… Néanmoins, aujourd’hui, les normes AFNOR sont largement plébiscitées, notamment par les collectivités, et j’ai l’intuition qu’on peut leur faire confiance. Cela n’empêchera pas ceux qui portent des masques en tissu d’attraper le Covid-19, je le répète, mais on peut espérer que si le maximum de monde s’y met, alors cette action commune contribuera grandement à limiter la progression du virus.
N’oubliez pas, les gestes barrières, la distanciation sociale, tout ça… ça sauve des vies !
Prenez soin de vous 🙂
Ne manquez pas mon prochain article.
Pour cela, rien de plus simple, inscrivez-vous à la newsletter.
C'est gratuit et garanti sans spam !