Voilà un moment que j’attendais de tester la teinture végétale. Pour cela, j’avais soigneusement fait sécher des peaux d’avocat dans ma cuisine ces dernières semaines. Et j’ai profité d’un désespérant jour de pluie pour me lancer enfin. Retour d’expérience !
La teinture végétale à l’avocat : zéro déchet ni ingrédient compliqué
J’ai abordé la teinture végétale pour le simple plaisir de tester. Passée la curiosité de découvrir cette technique, je n’ai aucun intérêt à en faire une activité récurrente. Il n’était donc pas question d’investir un euro dans ce test… Et ça tombe bien, l’avocat est parfait ! D’une part, parce qu’on utilise les peaux et noyaux d’avocat (rien ne se perd !). Et d’autre part parce qu’il ne nécessite pas de mordançage, cette étape souvent indispensable pour préparer la fibre du tissu à teindre. Comme ce sont des substances parfois toxiques à utiliser, ça me va de m’en passer !
Et puis, l’avocat, en plus d’être super simple à utiliser, va donner de belles teintes rosées. Que demander de plus ?
Quelle recette de teinture à l’avocat ?
Je me suis principalement appuyée sur l’article du site Teinture sauvage pour les différentes étapes pour réaliser cette teinture végétale. Mais une petite recherche sur Google offre bien d’autres recettes et conseils ! J’avais surtout besoin des dosages avocat/tissu et des durées de cuisson.
Ce qu’il faut savoir, c’est qu’on ne se lance pas dans la teinture maison sur un coup de tête ! Surtout pas ! La base de cette teinture, l’avocat, a besoin d’être mangé (c’est mieux) avant qu’on ne lui nettoie sa peau et son noyau. Ensuite -et c’est le plus long-, il faut faire sécher à l’air libre ! Pour avoir fait cette erreur, il ne faut pas les mettre dans un bocal fermé, car ça risque de moisir s’il y a ne serait-ce qu’un soupçon d’humidité dedans. Et puis, on ne fait pas une teinture avec un seul avocat… Il faut en avoir consommé au moins une demi-douzaine pour ce test. J’ai donc stocké ces derniers mois des peaux d’avocat séchées et demandé à mes parents de faire de même…
Teindre du tissu à l’avocat : pas à pas
Une fois les peaux d’avocat bien sèches (et leur noyau également), il est temps de les peser pour savoir combien de grammes de tissu on va pouvoir teindre. On peut considérer un tant pour tant pour les peaux et le tissu. Pour les noyaux, plus concentrés, on peut aller jusqu’à 1/2 poids de noyaux pour 1 poids de tissu. Pour ma part, j’avais 65g de peaux d »avocat et 60g de noyaux. J’ai teint 120g de tissu. J’aurais pu en mettre plus avec ces proportions, mais c’est le volume de ma casserole qui m’a incitée à la prudence.
La décoction
On va donc commencer par couper les peaux en petits morceaux et les mettre dans une casserole (ou fait-tout) avec les noyaux.
Pour faire une décoction, on ajoute de l’eau qu’on va porter à petite ébullition. Il est conseillé de mettre de l’eau déminéralisée (surtout pas d’eau du robinet). Pour ma part, j’ai pris de l’eau filtrée…
Et là, c’est parti pour une heure de cuisson, en mélangeant régulièrement. L’eau va petit à petit se colorer…
Le trempage
Pendant ce temps, pendant au moins 30 minutes, on va faire tremper le tissu à teindre dans de l’eau déminéralisée/filtrée. Pour ce test, j’ai utilisé du coton blanc léger et un tissu coton oeko-tex beige qui me sert pour la broderie. Je les ai coupés en différentes tailles pour pouvoir les manipuler facilement.
Une fois la décoction terminée, au bout d’une bonne heure, on la retire du feu pour la filtrer.
Plus le filtre est fin, moins de résidus passent. N’ayant pas d’étamine, j’ai utilisé une passoire qui n’a pas empêché certains dépôts de passer entre les mailles. J’y reviendrai plus tard…
La teinture
Dans une seconde casserole, propre, on met le tissu trempé, essoré.
Puis on verse la décoction d’avocat, et on porte à nouveau à petite ébullition.
Pour obtenir une teinte bien rosée, j’ai ajouté une bonne cuillère à soupe de bicarbonate (voire deux…) en le mélangeant au préalable dans de l’eau filtrée.
J’ai ajouté au fur et à mesure de l’eau filtrée, de manière à ce que mon tissu soit bien immergé.
Et c’est parti pour 30 à 40 minutes de cuisson à petite ébullition, en remuant régulièrement. Plus la cuisson est longue, plus la couleur est soutenue.
L’essorage et séchage
Au bout de 40 minutes, j’ai stoppé la cuisson, et sorti mes tissus, en les essorant.
Mon tancarville étant déjà encombré de linge, j’ai improvisé une corde dans ma salle de bains. L’idée, c’était surtout de ne pas tacher quelque chose !
J’ai testé de rincer à l’eau un des tissus (en bas à droite) avant de l’essorer, ça a atténué sa couleur (c’est joli aussi !). [note : voir plus bas pour plus d’infos sur ce point !]
Verdict ?
Après séchage à l’air libre, j’ai passé un coup de fer à repasser.
Côté couleur, j’adore, c’est superbe !
Côté rigueur, on repassera !
En effet, j’ai repéré certains points à améliorer :
- mieux filtrer la décoction pour enlever les résidus d’avocat qui tachent
- sécher à plat pour éviter les traces « tye and dye »
Au final, ça reste une bonne expérience, et ça ne m’empêchera pas d’utiliser mes tissus pour broder pour les uns, et coudre un tote bag pour les autres. Certes, ce n’est pas uniforme, mais ça a son petit charme. Mais c’est dommage que les froissures aient autant marqué le tissu, il faut que je trouve comment éviter ces marbrures.
Et le reste ?
Et pour mettre en pratique rapidement mes constatations, je referai quand même un essai. En effet, après avoir essoré les tissus teints à l’avocat, j’ai conservé le jus dans un bocal.
Encore très concentré, il me servira à faire une seconde séance de teinture, avant de passer à autre chose…
Edit du lendemain !
Comme évoqué ci-dessus, j’ai conservé le jus de la décoction pour refaire un essai le lendemain. J’ai conservé mon bocal au frais pendant la nuit et l’ai fait bouillir tranquillement le moment venu. J’ai bien fait tremper mon tissu (du coton blanc uniquement, cette fois), que j’avais préalablement surjeté pour les pièces dont je savais exactement quoi faire. Cela me permettait d’assortir le surjet au tissu !
J’ai laissé cuire à petite ébullition pendant 40 minutes. Mais cette fois, J’AI RINCÉ mes tissus à l’eau claire, avant de les essorer. Alors, clairement, comme je l’avais remarqué la veille, ça atténue la couleur. Mais cela permet vraiment d’obtenir une couleur uniforme, quasi pas de tache, et surtout, aucune marbrure ! C’est en se plantant qu’on apprend 😉
Je vous montre une des pièces teintes, on voit bien que le rose est plus doux, poudré. Je l’ai cousu une fois sec en tote bag. J’aurai l’occasion de vous en reparler dans un autre article, car il n’est pas terminé à 100% !
Ne manquez pas mon prochain article.
Pour cela, rien de plus simple, inscrivez-vous à la newsletter.
C'est gratuit et garanti sans spam !
Wouah, une vraie pro!!!
Je suis beaucoup plus bohème quand je me lance dans les teintures
Très jolis résultats ! J’ai hâte de voir la suite de ce tote bag.
Si tu veux poursuivre tes essais, le curcuma et le thé fonctionnent super bien et même les feuilles de carotte s’il y en a beaucoup.
Très chouette article !!
Super article, merci. Cela aide beaucoup d’avoir les photos de chaque étape, c’est beaucoup plus concret. Maintenant j’ai une question, comment faites-vous pour laver le tissu teint, est-ce en machine à laver classique ou uniquement lavage à la main ?
Merci !
Bonjour Edwige,
Je n’ai jamais lavé le sac que j’ai teint à l’avocat, donc, je ne saurais dire… Mais j’aurais tendance à privilégier un lavage doux à la main.
Belle journée,
Nelly